Kobe Bryant, devenir le meilleur joueur de NBA en étudiant sans relâche ses prédécesseurs
Comment sa passion pour le storytelling lui a permis de devenir une icône du sport et un deal maker brillant
"Il faut travailler dur dans le noir pour briller dans la lumière."
Kobe Bryant est une star incontournable du basket américain. Il a joué pendant près de 20 ans avec les Lakers de Los Angeles. Fils d'un NBA player, le basket est sa première muse.
Credit : Nathaniel S. Butler/NBAE via Getty Images
"Le basket est devenu plus qu'un simple refuge, il est devenu mon exutoire. Le basket est devenu l'endroit où je pouvais canaliser mes frustrations d'être différent (...) J'ai tout appris sur le jeu, l'histoire, les joueurs, les fondamentaux. Ce qui est étrange, c'est que j'ai fini par en apprendre davantage sur le monde qui m'entoure en ayant cette concentration singulière à l'intérieur de moi."
A 17 ans, il devient le plus jeune joueur sélectionné en NBA. Kobe ne croit pas en la théorie "go with the flow", il croit au travail acharné pour maîtriser les fondamentaux et améliorer ses faiblesses, nuit après nuit, match après match.
A l’aube de prendre sa retraite de la NBA, il se concentre sur son second acte, le capital-risque. En 2013, il lève 100 millions de dollars pour son premier fonds de capital-risque avec son partenaire Jeff Stibel. Quelque soit le terrain - au sens propre comme au figuré - Kobe est surtout connu pour sa quête obsessionnelle de précision et d'excellence, qu'il appelle “la mentalité Mamba”.
Sa secret sauce? Sa passion pour le storytelling et les histoires de ceux qui l’ont précédé jouent une place centrale dans son succès.
Avant de disparaître tragiquement dans un crash d’hélicoptère à 42 ans en 2021, Kobe s'est fait une place dans le capital-risque, la philanthropie et a construit sa légende personnelle. Il reste néanmoins un humain imparfait, qui tente en vain d'effacer certaines blessures du passé et qui apprend de ses erreurs de jugement. Sa vie et sa carrière nous rappellent que la seule réponse pour survivre à des difficultés inimaginables est de continuer à avancer et de puiser dans notre propre résilience.
→ Dominer en travaillant plus dur que tout le monde, que ce soit le basket ou le monde des affaires.
“Il n'y a pas de raccourci pour atteindre l’excellence”
Une anecdote fascinante sur sa transition vers le monde du capital-risque et comment il a appliqué la même obsession pour passer du meilleur basketeur au meilleur deal maker.
Lorsqu’il prend sa retraite, Kobe décide d’assurer son avenir financier en rejoignant le monde de l’investissement. Il appelle Chris Sacca, un investisseur célèbre de Shark Tank. Chris ne le prend pas au sérieux et lui dit “Écoute, si tu es sérieux à propos de ça, alors prouve-le moi.” Chris lui donne des devoirs - une série de ressources pour se former - et lui dit de revenir le voir uniquement lorsqu’il s’est formé. Contre toute attente, pendant les mois qui suivent, Chris reçoit des textos, à 2 ou 3 heures du matin, à tel point que sa femme lui demande s’il a une liaison avec Kobe Bryant. Chris raconte "C’était drôle. Littéralement à 3 heures du matin, il (Kobe) est sur son tapis de course et m'appelle pour discuter business. Son obsession d'apprendre ce genre de choses était 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.” Chris a donc fini par être vraiment captivé par Kobe car selon lui, c'est un type de personnalité rare qu’il ne voit que chez ses meilleurs entrepreneurs.
Kobe raconte que sa bête noire est la paresse. “Je dis à mes enfants que vous pouvez être soit un lion, soit une gazelle. La nature a besoin des deux”.
→ Ne cherchez pas à adapter vos rêves à vos capacités, trouver une obsession et cherchez l’excellence dans un seule chose
Kobe raconte qu'à ses 10 ans, il a reçu le plus mauvais conseil de sa carrière de la part d'un conseiller en orientation. “J'avais un conseiller d'orientation. Il m'a demandé ce que je voulais être quand je serais grand. J'ai dit que je voulais être un joueur NBA. J'avais probablement 10 ans. Il a dit : ‘Tu sais, ce n’est pas très réaliste’, et j’ai dit : “Eh bien, c’est ce que je veux être.” Kobe décide d'utiliser ces mots comme motivation : pour être “cet élu parmi des millions” il allait suivre un plan rigoureux et y mettre toute son énergie.
Voici son plan:
Maîtrisez les fondamentaux - oubliez les trucs fantaisistes. Concentrez-vous uniquement sur les fondamentaux.
Améliorer vos faiblesses. Pendant près d'une décennie, il n'a rien fait d'autre que de remédier à ses faiblesses pour améliorer son jeu.
Étudiez les grands - il a étudié encore et encore les enregistrements de tous les jeux de ces joueurs favoris et les siens.
Se concentrer sur un seul objectif. Il a tranquillement acquis la réputation d'un maître absolu de l'étude et de la préparation intense avec un accent singulier sur les détails qui ont étonné ceux qui l'entouraient.
→ Étudiez les parcours des personnes que vous admirez
“Après tout, pourquoi réinventer la roue alors que vous pouvez parler aux roues qui ont été créées avant” .
Il réalise très tôt que le public célèbre les succès de ces joueurs favoris, mais qu’en coulisse, c’est bien leur dévouement et leur sérieux qui les ont mené à ce niveau de jeu. “Le public loue les gens pour ce qu'ils pratiquent en privé”. Il recherche en permanence des informations utiles à sa carrière, en passant en revue tous les meilleurs joueurs de NBA, en visionnant tous les jeux précédents pendant des heures - notamment sur Michael Jordan. Très jeune il se rend à "G.O.A.T. Mountain" pour parler à des joueurs comme Magic Johnson, Michael Jordan, Larry Bird, Jerry West, Oscar Robertson et Bill Russell pour leur demander : “Qu'avez-vous fait ? Quelles ont été vos expériences ? À quoi ressemblait le processus pour vous ?”. C’est là où il commence à comprendre les tenants et les aboutissants du jeu, leur niveau de détail et leur obsession.
Un excellent exercice consiste à vous demander : “Qui est la personne qui vit la vie de mes rêves ?” Identifiez cette personne, faites des recherches sur ses débuts et découvrez comment elle est arrivée là où elle est aujourd'hui. Comme le dit Kobe, “Nous sommes entourés de gens qui font des choses incroyables, et l'information est là pour que nous puissions apprendre.”
→ Se créer un alter ego pour gagner en confiance.
Kobe crée son alter ego "Black Mamba" comme moyen pour traverser la période la plus dure de sa carrière. Son surnom est inspiré du film "Kill Bill", dans lequel le serpent, connu pour son agilité et son agressivité, est utilisé comme nom de code pour un assassin. “La longueur, le serpent, la morsure, la frappe, le tempérament, c'est moi!” déclare-t’il. Lorsqu’il est insulté par le public lors des matches en 2003, il se met dans son personnage de “Black Mamba” : “Quand je fais le changement mental [vers le Black Mamba], je sais que c'est “heure d’y aller à fond”.”
Il a commémoré sa sortie de la NBA avec un poème, "Dear Basketball", qui raconte son amour du jeu depuis son enfance tout en reconnaissant que son corps avait donné tout ce qu'il pouvait au sport. L'adaptation de ce poème en court métrage avec sa société de production lui a même valu un Oscar.
Sur la recherche de nos muses et pourquoi il crée son alter ego “Black Mamba” : Kobe s'inspire de personnalités extérieures au sport. Il recherche l’excellence dans l'industrie du divertissement, il a étudié et appris de personnes comme Jony Ive, Sean Penn, Kate Winslet, Larry Moss, Oprah, George R.R. Martin et Taylor Swift. “Taylor Swift est au sommet du jeu depuis très, très longtemps. Comment et pourquoi ? Comment écrit-elle ? Comment entre-t-elle dans l'espace mental pour pouvoir créer des choses”, dit-il. “Vous ne pouvez pas avoir ce niveau de succès constant et ne pas être un tueur. C'est impossible.”
Son livre “the Mamba mentality : How I play”. Kobe nous emmène dans l'esprit de l'un des basketeurs les plus intelligents, analytiques et créatifs. Il y révèle sa célèbre approche détaillée et les mesures qu'il a prises pour se préparer mentalement et physiquement non seulement pour réussir au jeu, mais pour exceller. Comment il étudie un adversaire, comment il canalise sa passion pour le jeu, comment il joue malgré les blessures. Autant de leçons à appliquer dans notre quotidien.
Sur le lâcher prise.
“La NBA ne me manque pas. L'entraînement, la préparation, oui... mais pas le jeu. Quand je fais quelque chose, j’y mets tout mon cœur. Quand j'arrête, aussi”
Sur les erreurs.
"L'erreur est le privilège des actifs.”
"Tout ce qui est négatif - la pression, les défis - est une opportunité pour moi de m'élever."
"Une fois que vous savez à quoi ressemble l'échec, la détermination chasse le succès."
Sur l’exigence et le travail.
"Il faut travailler dur dans le noir pour briller dans la lumière."
“Restez avec votre objectif même si c'est impopulaire”.
“Je dis à mes enfants : 'regardez dans le miroir et pensez à ce que vous avez fait aujourd'hui'. Et puis je leur dis qu'ils doivent se poser la même question année après année. Dans cinq ans, dans vingt ans. Parce que la vie n'est pas facile."
"La douleur ne vous dit pas quand vous devez arrêter. La douleur est la petite voix dans votre tête qui essaie de vous retenir parce qu'elle sait que si vous continuez, vous changerez."
"C'est la seule chose que vous pouvez contrôler. Vous êtes responsable de la façon dont les gens se souviennent de vous, ou non. Alors ne le prenez pas à la légère."
Sur les doutes.
"Nous avons tous des doutes sur nous-mêmes. Vous ne le niez pas, mais vous ne capitulez pas non plus. Vous l'acceptez."