L'état d'esprit derrière la mission Apollo 11 et les premiers pas sur la Lune
Comment une équipe de 26 ans de moyenne d'âge a su repousser les limites de la technologie et du cerveau humain
*Voici un résumé audio pour ceux qui n’ont pas le temps de lire l’analyse de la semaine.
Le 21 juillet 1969 à 02:56 UTC, 6 heures après l’alunissage de la navette spatiale, Neil Amstrong, en direct devant 600 millions de spectateurs déclare "un petit pas pour l'homme, (mais) un grand pas pour l'humanité".
50 ans plus tard cet exploit fascine toujours. D’autant plus, quand on réalise que le système de navigation utilisé n’avait pas la puissance de calcul de nos smartphone actuels. En se penchant sur les détails de la mission Apollo11, on découvre comment Neil Amstrong a réussi l’alunissage manuellement sans système de navigation et bientôt à court de fuel, comment un stylo a sauvé leur retour sur Terre ou encore la genèse de l’invention qui a rendu la mission Apollo 11 possible.
Au delà de l’avancée technologique, c’est le sang froid et la capacité d’adaptation de ces femmes et ces hommes qui ont permis de repousser les limites de la connaissance. Quel était leur état d’esprit pour littéralement “viser la Lune”?
Cette histoire est l'illustration parfaite du concept “il ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait”.
*photo de NBC News
Tout commence en 1961. Dans un contexte de guerre froide, l’Union Soviétique domine de loin le domaine spatial, enchainant les succès, jusqu’à l’apothéose, l’envoi d’un premier Homme dans l’espace le 12 avril 1961: Youri Gagarine.
Le 25 mai (1961), Kennedy déclara, contre l’avis des scientifiques qui le conseillaient : “Je crois que cette Nation devrait s'engager à atteindre l'objectif suivant, avant la fin de la décennie, d’envoyer un homme sur la Lune et le ramener sain et sauf sur Terre.” Kennedy a donné le ton en définissant un objectif inatteignable mais capable de galvaniser la Nation. C’est le “think big” utilisé dans de nombreuses entreprises; la définition d’objectifs à la limite de l’impossible afin d’atteindre des percées technologiques ou réalisations extraordinaires.
Au centre de ce programme, une équipe appelée “Mission Control Center" (MCC), dont la moyenne d’âge était de 26 ans seulement quand Armstrong a marché sur la Lune.
MCC est l'équipe en charge de préparer la mission, communiquer avant pendant et après et prendre les décisions critiques. Il paraîtrait donc logique que la NASA choisisse les scientifiques et ingénieurs les plus expérimentés pour constituer cette équipe. Loin de là. A l'époque la NASA, très sceptique et ne prenant pas ce projet au sérieux, lui attribue un groupe de jeunes, tous passionnés mais sans expérience. Issus de milieux modestes, la plupart étaient les premiers de leur famille à aller à l'université.
On leur confie une mission jugée impossible par de nombreux scientifiques, et pourtant 8 ans plus tard, on assistait en direct aux premiers pas de Neil Amstrong et Buzz Aldrin sur la Lune. Pendant que le 3ème astronaute, Michaels collins, surnommé “the other astronaut” car moins visible du grand public, faisait voler le module de commande "Columbia autour de la Lune.
La mission en elle-même est truffée d’imprévus. Leur travail d’équipe pour y faire face force l’admiration. Voici quelques leçons que l’on peut implémenter dans notre quotidien sur l’état d'esprit du 4ème astronaute : l'équipe de Mission Control, mais aussi les centaines d’ingénieurs et scientifiques qui ont dépassé les limites du possible.
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→ Pour réussir une organisation a besoin “de viser la Lune”.
En d’autre terme, un objectif très ambitieux, un "saut de géant" qui va nécessiter un effort monumental. Avoir de l’ambition ne signifie pas non plus de prendre des risques inconsidérés. Lors des interviews, les ingénieurs de la NASA expliquent “Nous avons pris des risques mais nous n'avons jamais été imprudents”, c'est un des éléments qui a conduit au succès d’Apollo 11.
→ La clé de la réussite d’un “moonshot” est une question de trouver 1/ votre passion et 2/une mission qui est significative pour les autres humains.
Par exemple, pour la “Mission Control Team”, leur motivation est de participer à un projet qui va changer le cours de l’Histoire. Richard Wiseman les a interviewé pour son livre Moonshot. “Ils étaient absolument dévoués et convaincu que la Nation les aimerait pour cela. Ils n’étaient pas au courant des tendances musicales des années 60, ni de la mode de l’époque”. Ils ont dédié leur vie à cette mission. C'est devenu non seulement une passion mais une vocation. Une façon de s’en inspirer est de définir 1/ qu'est-ce qui a du sens pour moi? quelles sont mes passions et quel héritage je souhaite laisser ? puis 2/ comment puis-je aider les autres?
→ Être extrêmement préparé mais rester adaptable. Le pessimisme défensif, c'est lorsque nous nous préparons à tout scénario qui peut mal tourner.
Ils ont répétés inlassablement toutes les situations possibles lors de la préparation et ont su prendre les bonnes décisions face aux imprévus :
5 minutes avant de se poser sur la lune, plusieurs alarmes se déclenchent. La Lune se rapproche rapidement et l’ordinateur de bord ne fonctionne plus. Neil Armstrong demande au Mission Control, s’il doit stopper la mission ou continuer. Steve bales, ingénieur de la NASA âgé de 27 ans, lui répond après quelques longues secondes que l'ordinateur de bord n'est pas "essentiel à la mission” et crie dans le micro “GO”. Avec un sang froid déconcertant, Neil Armstrong répond alors “the eagle has wings” et prend le contrôle manuel de la navigation, conscient qu’ils n’ont presque plus de fuel ni de système de navigation. Steve a plus tard reçu la médaille de la liberté pour sa "réactivité" à ce moment là !
Une autre illustration, est la façon dont Buzz Aldrin a sauvé le retour sur Terre grâce à un stylo. Après leur retour sur Terre, il explique comment il a essayé de réparer un disjoncteur qui menaçait de bloquer leur retour sur Terre. "J'ai utilisé un stylo-feutre et je l'ai enfoncé, et Houston a dit : “Hourra, le moteur fonctionne ! ", se souvient Aldrin.
→ Faire des pauses et passer une bonne nuit de sommeil sont essentiels pour favoriser l’innovation.
Il est fort probable que l'alunissage d'Apollo 11 n'aurait jamais eu lieu sans l’invention du Lunar Orbit Rendezvous. C'est l'idée qui a permis aux astronautes d'atteindre la surface en toute sécurité en plaçant d'abord leur vaisseau spatial principal en orbite étroite autour de la lune. Une fois que le vaisseau spatial principal était en orbite, Neil Armstrong et Buzz Aldrin utiliseraient une petite unité d'atterrissage, nommée Eagle, pour parcourir la distance finale jusqu'à la surface de la Lune. Cette idée n'est pas née d'une session de brainstorming ininterrompue de 48 heures. Elle a émergé après des mois de bricolage et expérimentations diverses. Pendant ces essais, il y avait aussi beaucoup de pauses pour se reposer et des périodes où les idées pouvaient incuber avant de prendre forme. Faire des pauses et passer une bonne nuit de sommeil ne sont pas des signes de paresse. Ils jouent un rôle essentiel dans la génération d'idées innovantes.
→ Travailler en équipe sans perdre l’engagement et la responsabilité individuelle.
“Cette mission n'échouera pas à cause de moi” est l’attitude que chacun avait, selon Richard Wiseman professeur en psychologie. L’équipe MCC a été profondément marquée par la tragédie du 27 Janvier 1967 où un feu s’est déclenché, tuant les 3 astronautes de la mission Apollo1. Richard explique “cet évènement traumatisant et certainement du à un excès de confiance, est un tournant décisif”. Sans cet échec, ils n'auraient pas réussi car c’est à ce moment là, qu’ils ont pris la pleine mesure de leur responsabilité et ont radicalement changer d’attitude.
Le podcast de BBC World service nous replonge dans le déroulé de la mission Apollo 11 et dévoile des détails étonnants.
Une interview de Buzz Aldrin, où il revient sur les moments clés de la mission.
ABC News célèbre les 50 ans des premiers pas sur la Lune à travers cette rétrospective.
Le livre Moon shot de Richard Wiseman. Ce livre est différent de n'importe quel livre développement personnel puisqu’il mixe d’une part, le récit de Comment nous sommes passés de la terre à la lune et d’autre part, les principes psycholoqiques de chaque phase de la mission en vous donnant un exercice sur la façon dont vous pouvez l'implémenter dans votre vie.
L’article d’Harvard Business Review revient sur l’intérêt d’avoir l’ambition de viser la Lune pour une entreprise et les 3 ingrédients clés d’une “bon moonshot” : 1/un objectif inspirant 2/ crédible et 3/ imaginatif, créant une rupture avec le passé.
Parce que ce “pas géant pour l’Humanité” a aussi eu lieu grâce à des femmes, le New York Times revient sur ces 5 femmes qui l’ont rendu possible :
JoAnn Morgan - la seule femme ingénieur de la NASA à l’époque
Margaret Hamilton - en charge de l’équipe de développeurs
Mary Jackson - première femme ingénieur afro-américaine
Katherine Johnson - technicienne aérospatiale
Judy Sullivan - ingénieur biomécanique
"Vise les étoiles mais s'il t'arrive de les rater, vise la Lune à la place". Neil Amstrong
“Je sais que le ciel n'est pas la limite, car il y a des empreintes de pas sur la Lune - et j'en ai fait quelques-unes ! Alors, ne permettez à personne de dénigrer ou d'inhiber vos nobles aspirations." Buzz Aldrine.
"Mon souhait serait, qu’il y ait toujours des femmes, dans toutes les photos à l'avenir", JoAnn Morgan, ingénieur de la NASA.
"J'ai du carburant pour fusée dans le sang”, JoAnn Morgan.
"J'ai été attiré à la fois par l'idée elle-même et le fait que cela n'avait jamais été fait auparavant." Margaret Hamilton, informaticienne.
«Ils vous donneront toutes les raisons du monde pour lesquelles ils ne peuvent pas avoir de femme là-bas. Ils vous diront même qu'il n'y a pas de toilettes pour femmes.” Judy Sullivan, ingénieure biomédicale.
"Parfois, ils ne sont pas conscients du nombre de scientifiques noirs et ne connaissent même pas les opportunités de carrière jusqu'à ce qu'il soit trop tard." Mary Jackson, ingénieur aéronautique.
“J'ai tout compté : les marches, la vaisselle, les étoiles dans le ciel.” Katherine Johnson, technicienne aérospatiale.
"La bravoure se présente comme une accumulation progressive de discipline."Buzz Aldrine.
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